Un visiteur inattendu...

Nombre de messages : 7 Date d'inscription : 27/03/2006

Le crépuscule était arrivé, anormalement tôt, sur l'étrange forêt. Enthros se sentait étrangement mal à l'aise. Même en cette fin d'hiver il aurait pensé avoir suffisamment de temps pour parvenir à sa destination avant la tombée de la nuit. Il frissonna. La température n'était pas glaciale, mais suffisamment froide pour lui procurer un certain malaise. A moins que ce ne fut autre chose...
Et ces ombres furtives sous les grands arbres tordus et décharnés... Elles n'avaient rien de rassurant...
Mais il était trop tard pour repartir en arrière désormais... Avançant lentement, il se mit à chantonner d'une voix faible une vieille comptine de son enfance pour tenter d'oublier les craquements et les murmures qu'il croyait entendre dans les sous-bois.
Même son cheval était plus nerveux que d'ordinaire. Il rechignait à avancer, et humait de tous côtés l'air chargé de lourdes fragrances végétales.

Les ténèbres devenaient presque totales quand Enthros parvint à une grande clairière. Il n'avait osé allumer de torche par peur de déranger les êtres qu'il soupçonnait vivre aux alentours, aussi fut-il heureux de trouver la pâle lueur de la lune blafarde qui perçait difficilement à travers les branchages dans la forêt.
Il mit pied à terre et s'approcha doucement de la sorte d'obélisque qui trônait au centre de la clairière.
Arrivé à proximité, il observa la structure de pierre. La forme de celle-ci semblait être naturelle, mais d'étranges symboles étaient gravés à sa surface. Et elle était intégralement recouverte d'un liquide visqueux. Enthros posa ses doigts et les sentit. Une odeur de sang séché parvint à ses narines. Il eut un mouvement de recul et marcha sur quelque chose qui craqua sous son pied. Le coeur battant, il regarda vers le sol et vit que les herbes sèches et racornies étaient jonchées d'ossements craquelés...
Le coeur battant, il tourna rapidement la tête de tout côtés, espérant et redoutant à la fois une éventuelle présence. Mais tout demeurait immobile...
Il déglutit péniblement et déclara d'une voix qu'il aurait voulut forte:

"- Je... Je me nomme Enthros de Maleniceste, et... Et je suis venu pour voir ceux qu'on nomme les sept déchus. Et plus particulièrement le seigneur Tokui l'orgueilleux..."

Ses paroles semblaient étouffées par les ténèbres et se perdirent dans l'atmosphère devenue plus oppressante que jamais.

Lentement, il s'approcha de son cheval et saisit sa mandoline. Il sentait de grosses gouttes de sueur couler sur son front. Seule la musique pouvait lui amener réconfort en ce moment. Il égrena quelques notes douces en regardant autour de lui. La lune s'était découverte, et il voyait nettement la blancheur de nombreux os sur le sol entre les mauvaises herbes. Combien de cadavres reposaient ici ?
Il attaqua une mélodie mélancolique et déclama d'une voix faible mais plus assurée la poésie qui lui venait à l'esprit:

"-Mangez sur l'herbe
Dépêchez-vous
Un jour ou l'autre
L'herbe mangera sur vous."

Nombre de messages : 7 Date d'inscription : 27/03/2006

La fraicheur malsaine de la nuit demeurait mais une pâle lueur blafarde fit son apparition à l'est.
Enthros était resté toute la nuit à chantonner pour tenter de se rassurer. Mais rien n'était venu. Les déchus semblaient sourds à ses appels. Ou Tokui le justement nommé l'orgueilleux avait-il choisi de le mépriser au point de l'ignorer et de le livrer aux affres de l'angoisse ?

Enthros se leva. Il savait que partir sans délivrer son message lui créerait mains problèmes, mais tout son être le pressait de quitter au plus vite ce lieu maudit.
Il sortit un parchemin vierge de son phylactère et écrit d'une main tremblante un étrange poème de mauvais goût que l'inspiration de ces lieux malsains dictait à son esprit.
Il placarda le parchemin sur la grande pierre. Rapidement imbibé de sang coagulé, il resta facilement collé.

Il alla détacher son cheval et repartit ensuite en tentant d'être le plus discret possible...

Citation :: Au printemps de cette ère je suis arrivé
Mais à ma complainte personne n'a répondu
Devant cette solitude incongrue je m'en vais
Je pensais meilleur public les sept déchus

Quand à l'orgueilleux, indicible et magnifique Tokui,
Qu'il sache que j'avais maintes choses à lui compter d'Elyria
Et que désormais s'il veut lui parler il devra, oui
Faire envoyer messager en Hyperborea.

Quand à moi je n'ai point la patience du roc,
Et puisque mes ballades vous ne voulez pas partager,
Mon destin me porte maintenant en Askiroc,
Où je me dois de commencer mon Grand Projet.

Familier Nombre de messages : 53 Date d'inscription : 25/02/2006

Voyant le drôle d'homme partir, les kobolds qui l'observaient se dépêchèrent de l'aller intercepter à sa sortie de la forêt. Cet humain avait, sans le savoir, pénétré en des terres que seuls les démons supérieurs avaient pouvoir de fouler, et les pauvres servants des abîmes savaient que pour y avoir laissé pénétrer un humain ils seraient torturés des jours entiers si cela s'apprenaient. Ces petits êtres avaient donc caché la présence de l'intru à leurs maîtres, et se préparaient à enterrer cette affaire avec l'humain...

Nombre de messages : 7 Date d'inscription : 27/03/2006

La forêt avait changé... Enthros savait bien que c'était impossible, mais pourtant, arrivé à la limite de la clairière, il ne pouvait retrouver le sentier. Dans toutes les directions se dressaient des vieux arbres à l'écorce racornie et des buissons d'épineux rendant la forêt impénétrable. Et dans les ténèbres il lui semblait bien distinguer ici et là, qui l'épiaient, des regards brillants de malignité...

Il mit pied à terre. Il suait à grosses gouttes. La fatigue, la peur, la solitude, tout cela menait son esprit aux portes de la folie. Il se mit à hurler dans l'athmosphère froide:

" - Laissez-moi partir, maudits ! Je n'ai plus rien à vous dire ! Je suis venu en ambassade et vous ne pouvez me retenir !

Il avait les yeux brillants et sa voix forte, cette fois, résonna dans toute la clairière. Inconsciemment, il se comportait comme le héros d'une de ces tragédies qu'il aimait tant.
D'un geste éminement théatral, il étendit les bras vers le ciel avant de serrer le poing:

" - Maudits, maudits , sept fois maudits ! "

S'il était au dernier acte, quoi de plus important que de sortir de scène avec panache ?

Familier Nombre de messages : 53 Date d'inscription : 25/02/2006

"Niéahaha" fit le kobold de tête, l'humain était enfin sortit des limites de la zone sacrée pour ses maîtres, portant un sifflet d'un noir de jais autour de ce qui lui tenait lieu de cou, il attrapa ce dernier de son membre gauche et le porta à sa bouche, et fit entendre le son caractéristique qui annonçait l'hallali.

Kardok, un autre kobold, n'avait jamais eu de chance dans la vie, il n'était jamais monté en grade malgrès trente années de service. Et on lui répétait toujours les mêmes raisons

"Trop peureux !"
"Pas d'initiative !"

Kardok se tenait là, derrière un des magnifique arbres flêtris de cette sombre forêt. Leurs hautes et denses ramures protégeaient les habitants de la forêt des désagréables rayons du soleil. Il devait être le plus proche de l'humain, c'est lui qui le tuerait, et qui offrirait son cerveau, le meilleur morceau, à son chef d'escadron. C'st sur, après ça il monterait en grade, et les autres ne pourraient plus jamais se moquer de lui.
Il entendit le signal, et bondit aussitôt, falchion levé, vers l'humain qui lui tournait encore le dos...

Keftek, lui, encore un kobold, avait toujours eu bonne réputation parmis ses pairs, jamais on avait vu un kobold si efficace à vous trahir dans le dos, et beaucoup enviaient ce talent si rare et utile à la vie koboldique.
Prudent comme toujours, il s'était mis à mi-distance entre la cible, un humain drôlement vêtu, et son chef d'escadron, qui seul allait ordonner l'assaut. Il était sur qu'au moins un kobold trouverait la mort dans ce combat, et ce ne serait certainement pas lui qui aurait cette chance, ça non !
Il entendit enfin le signal, mais il fut plus court que d'habitude, car interrompu par un gargouillement répugnant, suivi d'un bruit léger sur le sol, puis d'un bruit sourd.
Il entendit alors le sifflet de la retraite, en même temps que des échos de fer contre fer provenant de la clairière...

Nombre de messages : 7 Date d'inscription : 27/03/2006

Un vent froid s'était mis à souffler dans la clairière qui soulevait la poussière du sol en d'épaisses volutes. Enthros, le regard rivé sur les cieux et le poing brandit, ne prêtait aucune attention à ce qui se passait autour de lui.
Car une brume étrange et obscure semblait s'étendre sur la clairière depuis l'obélisque qui trônait en son centre, sans que le vent puisse la balayer...

Ce fut le bruit du sifflet qui lui fit reprendre ses esprits. Il tourna la tête dans la direction du bruit juste à temps pour apercevoir une silhouette aux petits yeux mauvais courir vers lui en brandissant un cimeterre.
Il n'eut que le temps d'agripper l'avant-bras de son assaillant pour retenir le coup fatal. Ils bascula en arrière et tomba avec son adversaire dans la brume qui recouvrait déjà le sol à cet endroit.

L'arme du Kobold heurta un gros rocher et vola de sa main dans une gerbe d'etincelles.
La peur qui s'était emparée d'Enthros avait fait basculer son esprit. Il saisit une pierre et porta avec celle-ci un violent coup à la machoîre de son adversaire qui tomba inconscient sous la violence du coup.
Le regard haineux et dément, il se mit à genoux, et, saisissant la pierre, il l'abbatit la tête du kobold.
Il frappa encore une fois, et encore une, jusqu'à réduire le crâne de son agresseur en une bouillie sanguinolente.

Tout à son oeuvre haineuse et morbide, il ne vit pas les combats qui se déroulaient autour de lui.
Pas plus qu'il n'entendit le bruit du sifflet qui sonnait la retraite pour les kobolds.

Ce n'est que lorsque qu'il releva la tête, les mains et le visage éclaboussés de sang, qu'il vit les hautes et étranges silhouettes en armures noires qui émergaient de la brume pour l'entourer...

Familier Nombre de messages : 53 Date d'inscription : 25/02/2006

Keftek, encore une fois, avait eu du flair. Comme prévu le combat n'avait pas duré longtemps, un voire deux coups au grand maximum avaient été échangés avant que l'imbécile ayant attaqué ne se fasse écharper.
Mais il ne fallait penser à ça, et rejoindre vite le chef.

Keftek senti soudain son corps se paralyser, alors qu'un membre de la garde personnelle du maître Tokui passait dans son dos, sans même le regarder.
Au-delà de la peur, de l'effroi, de la panique même que lui inspiraient ces terribles sires, formés à l'art du combat dés leurnaissance, et à ne pas avoir d'émotion dés qu'ils pouvaient tenir une arme; Keftek se demandait se qu'ils faisaient là, ils ne quittaient ordinairement jamais le sire Tokui.

Mais se poser des questions était dangereux à côté de ce genre de créature, les rumeurs circulant sur leur compte étaient nombeuses, dont celle qu'ils pouvaient entendre les pensées des autres, car ils étaient comme des objets insensibles, du fait de leur "entraînement". On racontait qu'ils étaient sélectionnés au berceau, et qu'ils devaient tuer toute leur famille, sans arme, pour passer le dernier stade de leur entraînement.

Keftek décampa donc sans demander son reste, et arriva devant son chef, qui, la bouche et la gorge ouvertes, semblait étonné dans la flaque de sang noire qui l'auréolait. A quelques pas, d'autres gardes s'avancèrent sans même le regarder, se dirigeant vers la clairière sacrée.
Fasciné malgrès sa peur, notre kobold suivit les gardes à distance respectueuse, tout en sachant que c'était là folie. Il les vit entourer l'humain, lequel semblait pétrifié. quand soudain un vent glacial le jeta à terre, sans que les feuilles alentours bougent.
C'était un vent de peur, de haine, de toute-puissance mise au service du mal.
C'était le Démon Tokui, maître incontesté de l'orgueil, qui venait de se matérialiser dans la clairière. Et son aura caractéristique n'avait pas changé, toute pleine de terreur et de fascination morbide, il était dans son armure de bataille. Ne pouvant en supporter plus, Keftek rampa le plus doucement qu'il put loin, le plus loin possible, mais il semblait que ses membres ne voulaient lui obéir, il resta là, paralysé, à se maudire de sa curiosité.

Nombre de messages : 7 Date d'inscription : 27/03/2006

Le silence... Ce vent glacial...

Enthros avait repris conscience de ses esprits en voyant ses mains tachées de sang devant son visage. Horrifié, il avait laissé tomber la pierre sanglante. Il vit les ombres autour de lui et voulut s'enfuir à toutes jambes, mais une peur glacée s'était emparée de tout son être et l'empêchait de bouger.

Une silhouette imposante entra dans le cercle que délimitaient les ombres de ses "sauveurs".

Une silhouette terrifiante et magnifique à la fois, d'où émanait une puissance incroyable.

Enthros se sentait écrasé, terrassé, mais aussi fasciné par cette apparition.
Mais c'était de nouveau lui, le ménestrel inconscient, le barde iconoclaste...
Toujours à genoux, il leva lentement un doigt ensanglanté et déglutit péniblement avant de déclarer d'une voix qu'il eût voulut assurée mais qui ne fut que tremblante:

"- Je... Je suis un ambassadeur. Vous... Vous n'allez quand même pas massacrer un... envoyé plénipotentiaire ?"

Familier Nombre de messages : 53 Date d'inscription : 25/02/2006

Marcher. Securiser. Regarder à droite, à gauche.
Un pas, puis l'autre, sentir, repérer odeur de sang. Observer, arme, falchion, à interdire d'accès à la créature. Le Maître protéger, le Maître protéger.
Ecouter, paroles, regarder, geste de la main, magie ? Pas dans mes attributions, observer, écouter, sentir.

Le Maître avance sur le droite, se décaler, faire attention, devoir, DEVOIR, DEVOIR. Refermer le cercle, ne pas laisser de faille, sécuriser.

Telles étaient les pensées qui traversaient l'esprit du garde de Tokui, si l'on peut appeler cela des pensées, si l'on peut appeler cela un esprit.

Tokui le grand, Tokui le magnifique, dans son armure de combat, toute entière faite de métal météoritique, de noir, de gris-argent.
Il enlève son haume, laissant appercevoir ses yeux rouges, son teint pâle, et ses cheveux plus noirs que nuit et plus lisse qu'obsidienne, l'air à la fois mort et vivant, c'est lui, l'immortel chef de Jiman.

"Un humain, se dit-il, que fait-il donc là, il semble oser me suggérer quelque chose, le torturer tout de suite ? Non, attendons qu'il en ait dit un minimum, il dira le reste sur la roue puis, quand il n'aura plus rien à dire, il se contentera de crier."

Debout, humain. Quitte ce lieu séant, ou ma colère tu subiras. Retourne d'où tu viens si tu l'oses, ou suis-moi en Jiman.

Nombre de messages : 7 Date d'inscription : 27/03/2006

La mort... La peur...
Elles étaient presque palpables à cet instant et en ce lieu.

Le coeur d'Enthros battait à tout rompre. Mais au fond de son esprit affolé une lueur de cet iconoclasme et de cette inconscience qui le caractérisait apparut.

Quoique tremblant, il se releva, essuya ses mains ensanglanté et fit une révérence digne des cours les plus raffinés de Dragostina.

"- Sei... Sei... Seigneur de Jiman."

"- Mé... Messire Tokui l'orgueilleux je suppose ?"

Les paroles d'Elyria lui revinrent à l'esprit et il s'empressa d'ajouter d'une voix de plus en plus assurée:

"- Tokui le magnificient ? Tokui le redoutable ? Tokui l'immense ?
Ou celui qu'on appelle juste "le grand" car nul adjectif ne serait assez fort pour le qualifier ?"

Enthros déglutit et respira profondément en adressant une prière à des dieux auquels il ne croyait pas jusqu'ici...

[HRP: L'histoire continue, mais le même Enthros va poster sur lnm. Considérons que ce sera aprés. Merci de ne pas le tuer tout de suite donc.]

Familier Nombre de messages : 53 Date d'inscription : 25/02/2006

[HRP : comme sur le forum LNM, et bien que nous soyons en mon domaine, je demande avant de tuer Wink

]

Le ver de terre humanoïde semblait avoir peur, réaction normale dans ce lieu et devant Tokui en armure de guerre.

Le Maître du Vice n'était toutefois pas d'humeur à se faire flatter, il avait laissé vagabonder ses troupes au retour d'un pillage et un lâche en avait profité pour s'emparer de ses lingots préférés, nul doute qu'il y aurait vengeance mais en attendant...

Le vermisseau n'avait pas répondu à l'invitation de Tokui, faisant preuve de l'à-propos d'un homme qui n'a plus goût à la vie. Toutefois cet inférieur devrait attendre, Tokui avait une cérémonie à accomplir. Il fit un geste à un des gardes, et daigna préciser à la loque vivante :

Suivez cet homme, ce soir la discussion est terminée.

Le garde rengaina son épée à deux mains, empoigna Enthros, et le fit avancer, écrasant le crâne de Kardok au passage, et entouré de six autres gardes, portant leur nombre à sept, comme l'exigeait la discipline des armées de Jiman. Ils conduisirent l'humain à l'extérieur de la clairière, sans lien ni même un mot, leur présence suffisait.

[HRP: désolé du temps de réponse, mais week-end de Pâques en famille oblige]