Comment Mun devint un déchus

Le gouverneur n’avait guère pour habitude de descendre en enfer, lieux ou il ne se sentait pas serein.
Seulement, en ce jour, je pêché rongeait son cœur et le seul moyen pour lui d’expier ce mal, se disait-il, c’est de le laisser grandir, s’épanouir, et ne faire qu’un avec lui.
Ainsi, en enfer, il trouverait la source, celle qui le rendrait définitivement Orgueilleux, chose dont il était obnubilé.

Il s’avançait d’un pas sur dans les antres, et au fur et à mesure de son périple, il sentait l’étrange chaleur qui s’émanait des lieux lui lui parcourir le cœur. D’ordinaire, cette chaleur le repoussait, et il en avait presque peur, c’est pour dire la nature de l’endroit, mais pas cette fois, non, bien au contraire, elle lui apparaissait chaleureuse, tendre, et les flemmes qui lui léchait les pieds, semblait conviviales. Alors, en s’avançant, il perdait toute nervosité, toute appréhension.

Cela faisait presque une heure que le Dragoon marchait, lorsqu’il entra dans une salle éclairé par les nombreuses torches qui longeaient les murs. En son centre, une fontaine. Etrangement, ce n’était pas de l’eau, ni même une autre boisson qui s’en écoulait, mais bien, oui, bien de la lave constata Mun.
Ce dernier savait qu’il lui faudrait en boire pour atteindre l’ataraxie qu’il convoitait, mais comment ?
Nous le vîmes sortirent de sa poche une coupe, pas très jolie, mais en pierre, et d’une résistance à toute épreuve semblait-il. Il observa un moment le versoir, par lequel s’égouttait la liquide, et c’est le mot, car le breuvage s’égouttait goutte par goutte. Sept gouttes s’écoulaient, par intervalles de cinq secondes entre chaque, puis plus rien pendant une minute environ, et ainsi de suite.
Mun passa sa coupe sous l’égouttoir, pour tenter d’y capturer les sept gouttes en son sein, mais dès que la première, la tasse se mit à fondre, et le gouverneur dut la jeter en vitesse pour ne pas se brûler. C’est alors qu’une voix résonnante, mais très audible inonda la pièce des mots suivants :
« Toi, écoute ces mots, tu ne les entendras qu’une seul et unique fois.
Tu te serviras de la tasse posée sur l’étagère, à ta gauche. Si tu parviens à t’en saisir, alors tu est un véritable déchu, reconnu par lucifer. Dans le cas contraire, tu mourras instantanément pour ta prétention.

Si tu es avare, tu boiras la première goutte, uniquement la première.
Si tu es colérique, tu devras boire les deux premières.
Si tu es envieux, alors bois les trois premières.
Les quatre premières devront être avalées par les gourmands.
Si la luxure est dans ton cœur, tu en boiras cinq.
Les Orgueilleux quant à eux, auront à en boire six.
Puis, toi le paresseux, tu devra boire les sept, pour ne pas l’être une dernière fois dans ta vie ! »

Mun revint à la réalité, jeta un coup d’œil sur sa gauche, là était posée un verre à pied, taillé dans un métal noir, dont le général ignorait quel pouvait en être le nom et la provenance. « Mieux vaut ne pas le savoir » songea t’il.

Sans hésiter, il s’en approcha, tendis sa main, ferma les yeux, respira un grand coup, puis saisit la coupe. Vous attendez tous de savoir ce qu’il se passa, mais nous voilà au regret de vous dire que rien ne se produisit ! Nous en conclurons donc que Lucifer reconnu son disciple, faute de mieux.

Par la suite il revint près de la fontaine, celle-ci ne coulait pas, mais il mit le verre sous le compte goutte et attendit. Instantanément, aussi surprenant soit-il, une goutte tomba, puis deux, puis six. Le général retira alors la coupe avant que la septième goutte ne tombe, et regarda le fond de la tasse, surprit que celle-ci n’ait pas subit le même sort que la sienne.
Une toute petite quantité du liquide bouillait au fond, ce qui poussa Mun à se demander ce qui arriverait au moment ou il boira ça.
Mais au point où il en était, revenir en arrière n’était pas permis. Il but donc le contenu, d’un seul trait, et aussi étrange que cela puisse paraître, cela n’avait aucun goût, c’était ni chaud, ni froid. Mais une fois le tout avalé, il fut pris d’une sensation de bien être, il se sentait alors, comment dire.. En harmonie avec lui même. Cet être Orgueilleux laisserait dorénavant place à ce vice, il ne repousserait plus jamais ce pêché, à l’inverse, cela allait devenir sa qualité.

Sur le chemin du retour, ses pensées étaient vierges, mais à présent il savait, oui, il était sur de sa supériorité, il était conscient qu’aucun être ne pouvait lui arriver à la cheville, sinon, il serait exécuté sur le champs, par ses propres soins ! Alors nous le vîmes sourire, puis, petit à petit rire en éclat, et enfin, arriver à la surface de Dragostina.